VIDÉO - Le phare des Baleines fête ses 170 ans : l'hommage du dernier gardien du temple de l'Île de Ré

Il est incontestablement un des sites phares du patrimoine culturel et touristique en Charente-Maritime. Au bout de l'ile de Ré, le phare des Baleines en impose avec ses 57 mètres de haut, ses 257 marches à gravir pour les plus courageux et ses 27 milles marins (environ 50 km) de portée visuelle. Le phare rétais a été officiellement mis en service le 15 janvier 1854 à Saint-Clément-des-Baleines, après cinq années de travaux. Il fête donc ce lundi ses 170 ans ! Pour fêter cet anniversaire, qui de mieux placé que celui qui a veillé sur lui pendant 19 ans.

ⓘ Publicité

Il s'appelle Marc Rayneau et a exercé le métier de gardien de phare pendant 38 ans, dont la moitié passée au phare des Baleines, avant de prendre sa retraite en novembre 2001. Après avoir travaillé un an dans le Morbihan (phare des Grands Cardinaux),  10 ans dans le Var (phare du Grand-Rouveau, ile des Embiez), Marc a retrouvé ses terres natales. Il a passé 10 années au phare de Cordouan avant d'arriver aux Baleines. Dans sa maison de La Couarde, Marc Rayneau s'est confié avec passion et émotion à France Bleu La Rochelle.

Que représente le phare des baleines pour vous ?

Marc Rayneau : Ah, c'est quelque chose ! C'est une partie de ma vie en fin de compte. J'en suis parti par obligation pour la retraite, mais j'y suis toujours. D'ailleurs, vous n'avez qu'à regarder dans mon bureau, il n'y a que des photos de phares, celui des Baleines en particulier. J'y retourne demain, si je prends 20 ans de moins.

C'était quoi votre vie d'un gardien de phare aux Baleines ?

C'était le paradis, il faut le dire parce que bon. Avant, c'était l'enfer (dans les phares en mer), le purgatoire. Et quand on arrive au phare des baleines, on est en famille, on travaille sur place, on a moins de soucis parce que toute la famille est autour de vous. Le quotidien, c'est ni plus ni moins que de la surveillance et l'entretien. L'avantage, c'est que vous n'avez pas de patron ou vous le voyez très peu. Je ne regrette pas du tout ma vie de gardien de phare.

Vous ne vous êtes jamais ennuyé ?

Non, pas du tout. À l'époque, c'était 24 h de service, 24 h de sécurité, 24 h de repos. Quand je suis arrivé au phare des Baleines, on était encore trois. Si l'un de nous avait besoin de s'absenter, alors qu'il était de service, on pouvait le remplacer. Alors que dans les phares en mer, c'était impossible. On était toujours à la maison pour Noël, pour le 1er de l'an, pour les fêtes, les mariages, et malheureusement aussi pour les enterrements. Alors que dans les phares en mer, ce n'est pas du tout la même vie.

Un quizz mémoire sur le phare des Baleines : combien de marches et quelle hauteur ?

257 ! Ça n'a pas bougé, je pense. Et 57 mètres, 10 de haut. On oublie souvent les dix centimètres, on m'a souvent dit "10 cm ce n'est pas grave, mais si on enlève dix centimètres à la base, le phare tombe.

Vous montez les marches tous les jours ?

Je n'ai pas de ventre moi (rires) ! Non, c'était un jour, tous les trois jours en fin de compte. On montait une fois le matin et on remontait le soir, parce qu'à l'époque, il fallait mettre des rideaux pour protéger les optiques, alors que maintenant, ils ont rajouté des systèmes qui font que le soleil ne frappe pas sur l'optique. Le soleil frappant pouvait mettre éventuellement le feu dans les bois avoisinants.

Si vous aviez une image à garder de ce phare ?

Un de ses atouts, c'est qu'il est bien placé. Les gens de passage ne s'en rendent pas compte, mais quand vous montez au sommet le jour du 14 juillet, vous voyez tous les feux d'artifice sur toute la côte. C'est magique. (Il hésite) C'est très très difficile à exprimer en fin de compte. Vous pouvez couper une minute ? Désolé.

Vous êtes ému ?

Oui. Vous êtes en train de m'interviewer, c'est très bien, et en fin de compte, pendant huit jours, je vais encore dormir en rêvant au phare. C'est ça qui est formidable et ça me perturbe un peu, quoi.

Est-ce qu'un phare comme celui des Baleines a encore une vraie utilité ?

Bien sûr, qu'il a son utilité. Vous savez, on n'a jamais vu un phare dériver. Il est bien posé à un endroit bien précis. Alors qu'on fait des appareils style GPS, en veux-tu, en voilà, mais ils peuvent tomber en panne, tandis que le phare est toujours au même endroit. Il y a des gens, notamment des jeunes qui ont des bateaux, mais qui n'ont pas les moyens de s'acheter tous ces appareils électroniques, ils peuvent se diriger uniquement avec des phares.

Vous retournez au phare, même à la retraite ?

Ah oui, j'y vais assez souvent. En plus, nos enfants travaillent sur le site du phare. Et puis je fais partie de l'amicale l'écluse de Mouffette. Bon, j'y vais de moins en moins parce que je fatigue maintenant, mais j'y vais quand même. Un peu moins l'été parce que je trouve qu'il y a beaucoup trop de monde.

Sur le podium touristique

Après l'Aquarium de La Rochelle et le zoo de La Palmyre, le phare des Baleines est le troisième site touristique de la Charente-Maritime en termes de fréquentation. Il attire près de 220.000 visiteurs payants (ceux qui paient pour monter les 257 marches) chaque année, et 1,2 million de visiteurs libres.

Le phare des Baleines est ouvert tous les jours de l'année (de 9h30 à 20h en juillet-août). D'avril à fin septembre, les billets sont délivrés auprès de la billetterie. D'octobre à fin mars, hors période de vacances scolaires, la billetterie est gérée dans la boutique. Voici la grille tarifaire. Notez que depuis le 1er décembre 2023 et jusqu'au 28 février 2024, le parking du phare des Baleines est gratuit. Renseignements au 05.46.29.18.23.