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Le père Noël : symbole du capitalisme ?

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Généreux magicien rondouillard ou cheval de Troie anglo-saxon du système marchand ? Entre détracteurs et admirateurs nous avons besoin d’y voir clair pour dresser le portrait de l’authentique Père Noël.

Le père Noël par temps de pleine lune Le père Noël par temps de pleine lune
Le père Noël par temps de pleine lune © Getty - 764780275

Le 23 décembre 1951, le clergé de Dijon brûla le Père Noël devant le parvis de la cathédrale devant 250 enfants. Il était accusé d'incarner un relent de paganisme et de concurrencer la célébration de la naissance du Christ répandant alors l’esprit polluant du consumérisme. Aujourd’hui son monopole de figure de Noël est ci ou là menacé : ses concurrents sont légions.
Au Pays Basque nombreux sont ceux qui le remplaceraient par Olentzero.  Ce charbonnier a la faveur des défenseurs d’une culture ancrée contre un Papa Noël très américanisé. Mais ce procès est-il légitime ? 

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Faut-il sauver le soldat Papa Noël ? On a le droit de répondre oui !

Oui parce que si cela n'avait pas été lui,  un autre l’aurait remplacé pour nous vendre jouets, friandises et autres fruits de l’industrie du bonheur.  Le Père Chalande en Savoie, le Père Janvier en Bourgogne, la Fée Befana en Italie, Saint Nicolas dans l’Est… Tous ces personnages se ressemblent peu ou prou et la publicité à l’art de les rendre “bankable”. Chez nous, la société de consommation s'accommode très bien  d’Olentzero et a su le relooker pour qu’il ne fasse pas tache dans nos vitrines.
Vous pourriez rétorquer : mais le Père Noël, c’est Coca-Cola ! Du moins sa couleur rouge ! Débarrassons nous de ce mythe. Coca-Cola l'a simplement fait plus rondouillard, jovial et esthétique. Rouge il l’était déjà.

Un catalyseur de symboles

Si l'on décortique tous les attributs du Père Noël, on se rend compte qu’il n’est qu’un catalyseur de divers symboles liés à cette période de solstice. Ce n’est pas une “exclu” France Bleu Pays Basque, mais bien les mots de l'anthropologue Claude Lévi-Strauss dans son texte de 1951 “le Père Noël supplicié”. L'inventaire de ces attributs saura vous convaincre. 

  • Les bottes et le manteau sont une référence à l’hiver. 
  • Le Papa Noël vole dans les airs ? Comme  de nombreuses entités mythiques dans le nord de l'Europe, Saint-Nicolas en tête.
  • La couleur du manteau ?  Ce n’est que le manteau des rois ou des évêques.
  • Les rennes ? Lévi-Strauss avance un lien avec une vieille tradition anglaise, un texte de la Renaissance mentionnant des trophées de rennes promenés à l’occasion de danses de Noël.. 

A cela s'ajoutent une analogie avec la figure de Merlin  et avec celles de nombreux Saints bretons (Saint Edern, Saint Thélo, Saint Pérec) qui utilisaient des cervidés comme monture. Mais l’animal symbolise surtout la renaissance de la nature puisque ses bois  tombent chaque année pour repousser  au cours de l'été.
Ajoutons un mot sur la distribution des cadeaux.  Rappelons que  les romains, pendant les saturnales offraient des présents, pour sanctionner ou récompenser. En outre, sa tournée de maisons en maisons rappelle les tournées organisées par les bandes de jeunes pour récolter à boire et à manger afin de fêter dignement Noël. 

Le Père Noël…c'est tout cela ! Ainsi ne soyons pas trop injuste avec lui, il est tout simplement ce que nous décidons d’en faire.

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