Agents pénitentiaires tués : silence et émotion au tribunal judiciaire d'Evreux

Les mines sont graves et fermées dans la salle des pas perdus du nouveau palais de justice d'Évreux (Eure). Quelque 80 à 100 personnes, avocats, greffiers, magistrats, personnels du tribunal sont réunis dans ce grand hall blanc pour rendre hommage aux deux agents pénitentiaires tués, à leurs trois collègues grièvement blessés dans l'attaque particulièrement violente de leur fourgon la veille au péage d'Incarville (Eure) pour faire évader un détenu.

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Un acte de guerre

"Cela fait 24 ans que je suis magistrat du parquet, je n'ai jamais vu une telle scène de crime", affirme Rémi Coutin, le procureur de la République d'Évreux qui prononce quelques mots introductifs pour ce moment de recueillement. "C'est à un véritable acte de guerre que l'on a assisté", poursuit-il. Et cela dans le but de faire évader un "individu que nous avons condamné de nombreuses fois au tribunal pour enfants puis au tribunal correctionnel d'Évreux ces dernières années et que nous avions encore jugé la semaine dernière au tribunal correctionnel d'Évreux", rappelle le procureur pour qui la communauté judiciaire d'Évreux est peut-être encore plus touchée qu'ailleurs.

Entre émotion et colère

La présidente du tribunal Sabine Orsel ne dit pas autre chose que cette émotion de la communauté judiciaire après l'attaque "d'agents du ministère de la Justice qui exerçaient leur mission de service public, qui faisaient en sorte de participer à l'œuvre de justice que nous essayons d'accomplir tous les jours ont été tués, blessés dans l'exercice de leur fonction. Ce qui compte, c'est que nous soyons tous là aujourd'hui pour penser à eux et pour se révolter contre ce qui s'est passé et qui est d'une gravité insondable", a encore souligné la magistrate.

Rémi Coutin n'a pas de doute qu'il y ait "des répercussions dans les semaines et dans les mois qui viennent en termes de sécurité, notamment pour les agents pénitentiaires". C'est le sens de ce que réclament les syndicats des agents pénitentiaires qui appellent à la poursuite de la mobilisation dans les prisons initiée ce mercredi.