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Pneus Goodyear défaillants : plusieurs sites perquisitionnés, des données informatiques saisies

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Après deux jours de perquisitions simultanées en Belgique au Luxembourg et en France sur des sites de la multinationale du pneumatique Goodyear, l'enquête sur les accidents mortels liés à l'éclatement de pneus Goodyear de camions avance enfin espère le procureur de la République de Besançon.

Plusieurs sites ont été perquisitionnés mardi et mercredi chez Goodyear en France, au Luxembourg et au siège européen de l'entreprise à Bruxelles. Plusieurs sites ont été perquisitionnés mardi et mercredi chez Goodyear en France, au Luxembourg et au siège européen de l'entreprise à Bruxelles.
Plusieurs sites ont été perquisitionnés mardi et mercredi chez Goodyear en France, au Luxembourg et au siège européen de l'entreprise à Bruxelles. © Maxppp - Fred Haslin

Serait-ce le point de bascule, après dix années d'enquête ? Dix années d'un bras de fer entre le géant américain Goodyear, fabriquant de pneus pour poids-lourds, et les familles de victimes d'accidents mortels dus à l'éclatement de ces pneus défectueux ? Ce jeudi, le procureur de Besançon a communiqué les premiers résultats d'une vaste opération de perquisition qui s'est tenue ces derniers jours sur plusieurs sites en Europe : "des perquisitions concomitantes, avant tout informatiques, menées chez Goodyear en France, au Luxembourg et au siège européen de l'entreprise à Bruxelles", avait précisé le procureur de la République, Étienne Manteaux, mardi. "De nombreuses données informatiques" ont été saisies et "vont pouvoir être exploitées par les enquêteurs", s'est-il réjouit ce jeudi, lors d'une conférence de presse.

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Éclatement des pneus avant gauche

De quoi faire basculer les enquêtes ouvertes pour "homicide involontaire" depuis 2014 : quatre personnes ont perdu la vie dans des collisions survenues dans le Doubs, dans la Somme (en juillet 2014) et dans les Yvelines (en avril 2016). À chaque fois, d'après les investigations, ces collisions ont été causées par l'éclatement du pneu avant gauche, faisant perdre le contrôle des véhicules aux chauffeurs. Pour chacun de ces dossiers, des experts différents ont conclu que "l'éclatement des pneus n'était pas dû à une cause extérieure mais à un défaut de fabrication, relevant notamment "une décohésion des nappes" métalliques qui constituent la structure du pneu et le fait que "la bande de roulement s'est décollée". "L'objectif de ces perquisitions est de déterminer le degré de connaissance par Goodyear de la dangerosité des pneus Marathon LHS II et Marathon LHS II+ et le nombre de sinistres qui ont été portés à sa connaissance", déclare encore Étienne Manteaux.

Car "Goodyear n'a jamais reconnu de problème de sécurité". Pourtant, "huit expertises distinctes, réalisées par sept experts différents" ont constaté les défaillances des pneumatiques Goodyear Marathon LHS II et LHS II +. Alerté, le géant américain n'avait à l'époque pas procédé à une campagne de rappels, se contentant d'un programme d'échange.

Combat de David contre Goliath

En juillet 2014, le camion-citerne de Jean-Paul Rollet est violemment percuté par un autre poids lourd qui vient de traverser la glissière centrale après l'éclatement de son pneu avant gauche, sur l'autoroute A36 dans le Doubs. Les deux chauffeurs décèdent. Refusant la "fatalité du routier" et le classement sans suite de l'affaire, sa femme Sophie Rollet enquête et se persuade de la responsabilité des pneus dans la collision. L'ancienne assistante maternelle, mère de trois enfants, dépose une plainte en 2016 avec constitution de partie civile auprès du tribunal de Besançon. Un combat de David contre Goliath qui aboutira à la mise en lumière de cette affaire.

Ce jeudi, le procureur de la République de Besançon, Étienne Manteaux a salué "la détermination de Mme Rollet, qui a été centrale dans cette procédure pour faire progresser les investigations". Il a, par ailleurs, noté que ce défaut de fabrication des pneus a pu conduire à d'autres accidents de poids lourds non détectés par la justice. Il a regretté que, dans un certain nombre de cas, "on ne peut définir quelle est la marque même du pneumatique qui a éclaté et compte tenu de l'ancienneté des faits, tous ces scellés ont été détruits. [..] C'est tout à fait désolant. [...] Souvent l'éclatement d'un pneu est vu comme la faute à pas de chance ou à une crevaison subite", a-t-il noté, ce qui a pu conduire à classer sans suite certaines requêtes après des accidents.

Avec les données informatiques saisies, le juge d'instruction de Besançon pourrait faire avancer l'enquête de manière spectaculaire. Encore faut-il que les saisies effectuées au Luxembourg et en Belgique soient validées. Goodyear peut les contester en justice. "La remise des scellés aux enquêteurs français sera donc subordonnée à la validation des saisies opérées par un juge au Luxembourg et en Belgique", a encore prévenu Étienne Manteaux.

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