Vol mystère à Volmunster
On ne demande pas de l'aide au Diable sans conséquence. Tôt ou tard, il faut payer le prix.
30 mars 1913. Moulin de la famille Heckel, à Lutzviller.
Ce matin-là, Viktor Heckel peine à se réchauffer. La paille dans ses sabots est très humide et la pluie fine et dense qui tombe sans discontinuer depuis une dizaine de jours ne semble pas vouloir s'arrêter. C'est pourtant de bon augure. Avec ce qui pisse du ciel et la fonte des dernières neiges, le niveau de la Schwalb devrait forcément remonter un peu. Derrière lui, dans l’alcôve, il entend les respirations de sa mère et de sa sœur qui dorment encore à l'abri de la lourde tenture de laine qui les protège des courants d'air.
Viktor revêt son chapeau à larges bords, prend une poignée de sel dans un pot, la fourre dans la poche de sa veste, ouvre la porte de la petite masure et la referme doucement derrière lui. Puis il prend la direction du moulin tout proche, tendant une oreille pleine d'espoir, comme si un miracle avait pu se produire pendant la nuit. « Seigneur ! Il faut qu'elle tourne, maintenant ! » marmonne-t-il. Il se hâte sous la pluie, passe devant la petite étable adossée au dos du moulin, échange un regard inquiet avec Augusta, sa vache, tourne à l'angle du bâtiment et découvre enfin la roue… immobile.
