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Arrêt de la castration à vif : les coûts ne doivent pas être supportés par les éleveurs, estime le ministre

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Julien Denormandie était l'invité de France Bleu Amorique ce vendredi, alors que le ministre de l'Agriculture est en déplacement dans les Côtes-d'Armor, au sujet de la castration à vif des porcelets, une pratique interdite à partir de début 2022.

Julien Denormandie était l'invité ce vendredi matin de France Bleu Armorique. Julien Denormandie était l'invité ce vendredi matin de France Bleu Armorique.
Julien Denormandie était l'invité ce vendredi matin de France Bleu Armorique. © Maxppp - POTOPQR/LA MONTAGNE/MAXPPP/BOILEAU FRANCK

Julien Denormandie, le ministre de l'Agriculture, se rend en Bretagne ce vendredi. Il se déplace dans les Côtes d'Armor dans le cadre de la mise en œuvre de l'arrêt de la castration à vif des porcelets. A partir du 1er janvier 2022, la pratique sera interdite en France et remplacée par la castration sous anesthésie et analgésie au sein des élevages français. Invité de France Bleu Armorique, le ministre l'assure, "ces changements de pratiques doivent être financés par les industriels, par la distribution et par le consommateur, mais pas par l'éleveur."

La fin de la castration à vif, Julien Denormandie, cela ne veut pas dire pour la fin de la castration ?

Non. Exactement. Cela veut dire la mise en place de nouveaux protocoles sanitaires, comme on les appelle, pour permettre de continuer à pratiquer, mais de le faire dans d'autres conditions, c'est-à-dire, par exemple, en faisant une anesthésie locale des porcelets. Je crois que tout le monde peut comprendre que c'est un sujet de bien-être animal et de douleur pratiquée sur les animaux.

La castration à vif sera donc remplacée par la castration sous anesthésie avec des analgésiques. Ça veut dire un coût supplémentaire. Qui va payer dans cette affaire ?

Il faut absolument, et c'est tout le combat que je mène, que ces augmentations des coûts de production ne soit pas supportées par les éleveurs. Vous savez, l'arrêt de la castration à vif des porcelets, c'est avant tout une demande de la société, de plus en plus soucieuse du bien-être animal. Ces changements de pratiques doivent être financés par les industriels, par la distribution et par le consommateur, mais pas par l'éleveur, parce que sinon, c'est trop facile. 

On demande aux éleveurs toujours plus, et puis, dans le même temps, les éleveurs y gagnent toujours moins. Ça ne peut pas marcher comme ça. Sinon, ça veut dire que la pérennité même des exploitations est mise en cause. On a un gros travail en ce moment avec les industriels et la grande distribution pour faire que cette augmentation des coûts de production soit rétrocédée au fur et à mesure de la chaîne agroalimentaire. Vous savez, c'est parfois quelques centimes d'euros à la fin, alors que c'est plusieurs d'euros au début. C'est très important de faire cette dilution.

Mais quelles garanties vous apportez pour s'assurer que ce ne seront pas les éleveurs qui paieront ces frais supplémentaires ?

Eh bien, nous avons fait un gros travail avec les éleveurs et aujourd'hui même paraît un arrêté, donc un texte réglementaire qui impose que dorénavant la vente de ces porcelets castrés non à vif, fasse l'objet d'un contrat. Dans ce contrat, il y aura stipulé les coûts de production supplémentaires liés à ces changements de pratique, le texte est paru ce [vendredi] matin au Journal Officiel. Ce contrat sera imposé pour donner justement la possibilité aux éleveurs de s'assurer que les industriels, la grande distribution et in fine le consommateur prennent leur part dans le financement de ces nouvelles pratiques.

Ces mesures et ces surcoûts arrivent dans un contexte de baisse des cours. Quelles réponses vous allez apporter aux éleveurs que vous allez rencontrer aujourd'hui sur les prix qui leur sont payés ?

Il y a toute une nouvelle loi, qui s'appelle la loi Egalim 2 et qui a été adoptée il y a trois semaines maintenant au Parlement. Elle permet de repenser complètement la façon de construire nos prix agricoles**. C'est une assurance pour les éleveurs, pour les agriculteurs** de manière générale, qu'on parte du coût de production dans la construction des prix alimentaires. Si on veut avoir une agriculture forte, on a besoin d'avoir des agriculteurs et les agriculteurs qui vivent par passion, mais la passion ne peut pas tout. Il faut qu'on puisse garantir la rémunération et cette nouvelle loi va permettre, de manière générale, de partir des coûts de production avec beaucoup plus de force, beaucoup plus d'outils, beaucoup plus de régulation, que ce ce que nous avions déjà tenté de faire il y a de cela trois ans et qui n'avait pas eu  suffisamment d'effets in fine.

Mais une nouvelle fois, quelles garanties pouvez-vous assurer à ceux qui sont si souvent, pour ne pas dire toujours, la variable d'ajustement ?

Cette loi est très forte et elle donne des régulations. Je peux vous dire que on va s'assurer au niveau du gouvernement qu'elle soit pleinement respectée, c'est-à-dire qu'on va démultiplier les contrôles vis-à-vis des industriels et de la grande distribution. Nous les avons tous réunis il y a quelques jours en annonçant que nous allions multiplier par quatre le nombre de contrôles dans la grande distribution, par exemple. On a tous en tête des déclarations de bonne volonté de certains, mais en même temps, ensuite, dans les étals des supermarchés, on se rend compte que vous avez parfois le prix du kilogramme de porc, qui est inférieur indéniablement aux coûts de production. Cela ne peut pas durer comme ça, ou sinon, c'est la porte ouverte uniquement aux importations. 

Est-ce que, pour l'avenir de notre Bretagne ou de nos territoires, on veut n'avoir que des produits importés ? A l'évidence, non. Donc, on est fermes sur cette nouvelle loi avec beaucoup plus de régulation et on est incroyablement fermes dans son application. 

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